78% des femmes et des filles qui vivent à Cuba sont nées sous la pression imposée par le blocus des Etats-Unis contre Cuba depuis près de 60 ans. Selon un nouveau rapport Oxfam intitulé “ Le droit de vivre sans blocus. Impacts des sanctions des Etats-Unis sur la population cubaine et la vie des femmes”, ces sanctions affectent la vie quotidienne des population cubaines les plus vulnérables; elles pèsent sur les familles et leurs moyens d’existence, empêchent le développement de compétences et de projets et limitent l’avancée vers une société plus juste et inclusive.
“Oxfam lance un appel pour mettre fin au blocus”.
Depuis un peu plus d’un an, ces sanctions constituent un frein réel pour l’acquisition de ventilateurs pulmonaires mécaniques, de masques, de kits de diagnostic, de réactifs, de seringues pour la vaccination et d’autres choses nécessaires pour faire face à la maladie du COVID-19. Notre organisation soutient la campagne pour une vaccination effective et universelle pour garantir la protection des personnes. Cuba a développé 5 candidats vaccins, deux d’entre eux sont dans les dernières phases d’essais cliniques. “Néanmoins, en faisant obstacle aux échanges commerciaux, le blocus américain retarde la vaccination massive dans l’île” affirme Elena Gentili, représentante d'Oxfam à Cuba.
Au départ des évidences issues de cette recherche et surtout, grâce à son expérience dans l’île depuis 1993, et son travail avec les acteurs du territoire, des communautés, des coopératives, des organisations sociales et associées, Oxfam reconnaît combien le blocus des Etats-Unis aggrave la crise économique et rend difficile l’accès aux fournisseurs de médicaments, de technologies, d’aliments et d’autres produits de base. Ce nouveau rapport part de la question “ Comment s’est vécue la crise sanitaire actuelle dans un pays sous blocus économique, commercial et financier ? “.
Le gouvernement Trump a imposé plus de 240 sanctions pour renforcer cette politique de blocus et 55 d'entre elles ont été appliquées dans le contexte de la pandémie du COVID-19. Déjà avant la crise due au COVID-19, ces mesures affectaient sévèrement le secteur privé, et en particulier, les entreprises associées au tourisme. Une enquête menée dans l’Île en 2020 par Cuba Standard Business Confidence Survey, a montré que plus de 60 % des entrepreneurs et entrepreneuses de l’ïle considérait que les dommages causés cette dernière année par la pandémie sur ces entreprises, étaient équivalents aux conséquences du blocus américain.
Le rapport inclut un avant-propos du Bureau de Washington pour les Affaires Latinoaméricaines (WOLA, en anglais), une organisation pionnière en matière de droits humains, qui s’est penchée sur la politique entre les Etats Unis et Cuba depuis 1990. Le président de WOLA, Geoff Thale, met en évidence l’appel d’Oxfam pour mettre fin au blocus. Il affirme que “le blocus contre Cuba n’a rien donné comme résultat au fil de ces décades que de contribuer à la souffrance humaine et en particulier à la souffrance des femmes de Cuba. Ce rapport est essentiel pour démontrer la crise sanitaire à Cuba et la manière dont la politique américaine a aggravé cette situation.
Les femmes, premières victimes
L’analyse réalisée par Oxfam à partir d’une étude du Centre de Recherche sur l'Économie Mondiale (CIEM) et au départ de témoignages, principalement de femmes, confirme que le blocus renforce le système patriarcal et ignore les besoins différenciés, les opportunités et l’autonomie des femmes. Il les affecte dans la sphère privée du fait que ce sont elles qui portent principalement le poids de la reproduction et du maintien de la vie quotidienne. Les femmes cubaines consacrent près de 35,20 heures par semaine au travail domestique et aux soins des membres de la famille et sont “cheffe de famille” dans 46% des ménages. Ce blocus les affecte aussi dans la sphère publique quand elles ne trouvent pas réponses à leurs demandes et dans les espaces professionnels et d’étude où elles doivent quotidiennement gérer le manque de ressources.
Le rapport investigue des secteurs où la présence et le rôle des femmes sont prédominants comme la santé (où les cubaines représentent 71% de los 479,623 professionnels), l’éducation (en 2019, elles représentaient 60% d’un peu plus d’un demi-million de travailleurs dans ce secteur) ou encore la biotechnologie ( 53% des personnes qui travaillent dans le système des sciences et de l’innovation technologique et 84 % du personnel des laboratoires cliniques et de biotechnologie sont des femmes). Les femmes cubaines sont plus nombreuses que les hommes parmi les spécialistes qui, encore Aujourd’hui, sont dans la zone rouge des hôpitaux du pays à côté des patients les plus gravement atteints du COVID-19 ; plusieurs d’entre elles font partie des équipes qui développent les 5 vaccins candidats de l’île. Oxfam reconnaît que la réponse cubaine au COVID-19 repose beaucoup sur les efforts quotidiens de ces femmes qui doivent faire face aux difficultés et au stress que provoquent les sanctions des Etats-Unis contre Cuba.
“Nous sommes convaincues que, dans un scénario sans blocus, il serait possible d’augmenter la protection sociale au bénéfice de ceux-celles qui en ont le plus besoin et de soutenir l’exercice des droits des femmes et développer le secteur privé”, affirme Gentili. Promouvoir le dialogue et la coopération entre les deux pays favoriserait une réponse globale à la pandémie. D’autant plus qu’avec son expérience en matière de santé publique et de biotechnologie, Cuba contribuerait à ce que d’autres pays puissent aussi contrôler cette épidémie.
Oxfam lance un appel au gouvernement de Biden-Harris pour avancer dans la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. “Il est dans leurs mains d’inverser les mesures adoptées par leurs prédécesseurs, tout en augmentant et en diversifiant la portée d’un nouveau rapprochement entre les deux pays ; tout comme de travailler avec le Congrès pour arriver finalement à une levée définitive du blocus” souligne le rapport.