Les banques belges refusent l'aide humanitaire pour Cuba

Dossier Banques

Selon des recherches il est prouvé que des banques belges bloquent des fonds destinés à des fins humanitaires et de développement à Cuba, en contradiction flagrante avec la réglementation européenne.  Ce message a été transmis ce matin par une délégation de la Coordination pour la levée du blocus au Ministère des Affaires étrangères.

 

Plusieurs organisations citoyennes, réunies au sein de la Coordination pour la levée du blocus contre Cuba, ont examiné quelles sont les banques belges qui poursuivent le blocus illégal de Cuba.

Elles ont tenté d'effectuer un virement financier vers Cuba auprès de neuf banques, destiné à des fins humanitaires et de développement. Ces fonds étaient, entre autres, destinés au soutien des victimes de l'ouragan Irma de 2017.

 

Quatre sur neuf banques examinées, BNP-Paribas-Fortis, Argenta, ING, Triodos, ont refusé de transférer les fonds. « L'examen confirme ce que plusieurs ONG ont déjà expérimenté dans les faits », déclare Wim Leysens, secrétaire de la Coordination pour la levée du blocus contre Cuba. « Aider Cuba est rendu impossible en Europe ».

 

Illégal

Pourtant, les banques en activité en Europe sont soumises à la réglementation de l' Union Européenne. Encore au mois d'août la Commission Européenne a confirmé que chaque personne, organisation ou entreprise doit pouvoir faire des affaires avec Cuba, sans une ingérence de la part des États-Unis. « Mais notre recherche prouve que les banques ignorent cette règle. Manifestement la réglementation européenne et les nombreuses condamnations par l' Europe du blocus de Cuba par les États-Unis n'ont pas d'effet », ajoute Wim Leysens.

 

Échappatoire

De par le passé plusieurs grandes institutions financières se sont vu imposer de lourdes amendes par les instances nord-américaines, entre autre pour des transactions vers Cuba. Les banques se retrouvent coincées entre la législation européenne et celle des États-Unis. Voilà pourquoi la Commission Européenne leur offre une échappatoire. Les banques peuvent ainsi demander une exemption à l'obligation européenne d'ignorer le blocus par les États-Unis. Wim Leysens confirme : « Ceci n'est pas la bonne solution.  Les banques doivent en premier lieu appliquer la législation européenne. C'est leur responsabilité de garantir l'exécution de payements non problématiques. Et les payements vers Cuba sont le sont. »

 

Le courage politique montré par l' Europe semble un rideau de fumée. Wim Leysens conclut : « La pratique démontre que les intérêts des habitants de l' Europe comptent moins que ceux des États-Unis. L'aide humanitaire, un soutien à des citoyens frappés par une catastrophe naturelle, est soumis par l' Europe à la volonté des États-Unis ». Le manque de volonté de l' Europe par rapport au blocus imposé unilatéralement par les États-Unis contre Cuba la rend complice de ce blocus.

 

Entamer des démarches

Suite à cette enquête la Coordination entame des démarches. L'organisation a déjà avisé la Commission Européenne des refus de chaque banque d'accorder une aide humanitaire à Cuba. « La balle se trouvera alors dans le camp de la Commission. Va-t-elle laisser la population cubaine sans aide ? », se demande Wim Leysens. Après cette démarche les organisations membres s'adresseront ensemble au monde politique national. « Aujourd’hui nous irons au cabinet des Affaires Intérieures. Notre message est clair : la duplicité des politiciens qui condamnent le blocus en paroles et l'admettent dans les actes, les rends complices de ces sanctions inhumaines ».

 

Nos exigences

La Coordination pour la levée du blocus contre Cuba, exige en premier lieu que les autorités Belges et Européennes entreprennent des actions suite à l'enquête de 2018 sur les banques et Cuba .

C'est le rôle de la Commission Européenne de fournir aux citoyens, aux entreprises et aux banques, une protection efficace contre d' éventuelles amendes imposées par les États-Unis suite à leurs relations avec Cuba.

D'autre part l' Europe doit responsabiliser les banques et les obliger à élaborer des mécanismes internationaux garantissant les payements vers Cuba. La Belgique peut prendre l'initiative à ce sujet.

 

La Coordination exige des banques qu'elles perfectionnent leurs mécanismes de contrôle interne. Il est inadmissible que des transactions soient bloquées uniquement parce que « Cuba » est mentionné dans le nom du destinataires, ou dans la communication.

D'autres banques que celles mentionnées ci-dessus prouvent que des payements à des organisations cubaines sont possibles. Il n'y a donc aucune raison pour que les banques mentionnées ne le fassent pas.