Le blocus omniprésent: quelques exemples

Vacunas cubanas

Exemples concrets de comment fonctionne le blocus économique et financier mené par les Etats Unis contre Cuba.

Pendant plusieurs mois, un des instituts farmaceutiques n’a pas pu importer les ingrédients de base nécessaires à la production de vaccins contre le corona. Les produits médicaux sont particulièrement sensibles à ce blocus parce qu’ils comportent presque tous un élément produit aux Etats Unis. Et ils tombent donc sous la loi du blocus. Via de nombreux détours, cet institut a pu encore se procurer des livraisons. Mais par crainte que ceci soit stoppé, nous n’ obtiendrons pas plus de détails. Ces difficultés ont eu pour conséquence que Cuba n’a pu commencer la vaccination massive de la population que plusieurs mois plus tard. Le coût de cela : des morts évitables ...

Le 8 février 2022 Alejandro Gil Fernández, ministre de l’ économie a déclaré que  6.000 containers avec des produits destinés à la population cubaine sont bloqués dans des ports internationaux parce que les compagnies maritimes ont des problèmes avec les autorités américaines qui sanctionnent les livraisons à Cuba. Par conséquent, le coût des marchandises est en constante augmentation.

Les scientifiques cubains ont du mal à  publier leurs contributions dans les revues scientifiques internationales  parce qu’ils doivent payer pour cela. Faire un paiement international depuis Cuba est presque impossible à cause du blocus financier.

PRODAL transforme des produits alimentaires. L’entreprise a un contrat avec le Japon pour livrer des crevettes roses. Ce contrat a été annulé il y a deux ans car la banque Mitsubishi a soudainement refusé de faire des paiements à Cuba.

Tout récemment en janvier 2022, un bateau transportant une cargaison de lait en poudre a dû faire demi-tour parce que les États-Unis menaçaient d'imposer d'énormes amendes à la compagnie maritime. Ce n’est pas la première fois que cela se passe. Le gouvernement n’a pu garantir la portion journalière des enfants jusqu’à 7 ans qu’en puisant dans sa réserve stratégique de lait en poudre.

La fabrique de rhum X avait commandé un chargement de nouvelles bouteilles à l’étranger. En novembre 2021, cela a failli mal tourner : la compagnie maritime a reçu l'ordre des autorités de ne pas livrer à Cuba. Le remplissage des bouteilles avec du rhum risquait de “tomber à l’eau”. Avec un retard de deux mois, les bouteilles ont finalement été livrées, via une coûteuse déviation. Le chef d'entreprise n'a pas voulu donner de détails concrets afin de ne pas mettre en péril la coopération existante.

M. et Mme X gèrent une entreprise individuelle à domicile, qui conçoit et produit des faire-part de naissance et des boîtes pour petits cadeaux. Mais ils doivent acheter du papier en devises. L'encre est importée et leur coûte 5 000 pesos nacionales, soit 200 dollars au taux de change officiel, ce qui représente une somme énorme. En pratique, ils s'appuient alors sur les” mulas”, des Cubains qui voyagent entre les États-Unis et Cuba et qui achètent le matériel aux États-Unis et le revendent en peso nacional à Cuba. Pour un prix supplémentaire, bien sûr, puisqu’ils doivent récupérer leur billet d’avion.

Y réalise une étude pour une agence étrangère. Comme les paiements à Cuba sont difficiles, voire impossibles, Y demande que le paiement soit envoyé sur le compte de Crédit Union aux États-Unis, une banque qui fonctionne en dehors du système SWIFT. En outre, le paiement serait effectué en euros, ce qui permettrait d'éviter les contrôles américains. Cependant, le paiement est bloqué car la banque de l'agence étrangère refuse d'effectuer le paiement parce que le consultant vit à Cuba. Pour sortir de l'impasse, le consultant fait transférer les honoraires sur le compte d'un ami aux États-Unis, qui à son tour transfère le montant sur le compte de Y aux États-Unis.

Pendant des années, les agences de coopération étrangères ont pas été en mesure de transférer de l'argent aux organisations partenaires cubaines. La seule solution : les organisations achètent des matériaux à des entreprises extérieures à Cuba et les envoient ensuite à Cuba. Les agences règlent ensuite la facture directement à l'entreprise étrangère.

Un représentant (H/F) d'une agence étrangère avait une carte de visa au nom de l'agence. Du jour au lendemain, la banque a annulé la carte et le représentant ne pouvait plus recevoir ni dépenser d'argent. La raison : trop de paiements ont été effectués avec la carte à Cuba. Auparavant, la banque avait déjà refusé d'effectuer des paiements à Cuba ; maintenant que la carte de crédit a également été annulée, l'agence ne reçoit plus d'argent pour le fonctionnement de son bureau éloigné à La Havane. La seule solution a été d’utiliser la carte Visa personnelle du représentant... jusqu'à ce que celle-ci soit bloquée également par la banque.

Sources :  organisations et citoyens à Cuba lors d’interviews menés entre le 30 janvier 2022 et le 14 février 2022.