La crise du corona virus a touché Cuba à un moment où les perspectives économiques n'étaient pas très bonnes. A cela s'ajoute le blocus renforcé des Etats Unis qui met l'économie cubaine sous forte pression.
La crise du corona est plus qu'une crise de santé. La pandémie a perturbé l'économie dans le monde entier. Il est clair que 2020 marquera une ligne de rupture. Le Fond Monétaire International prévoit que l'économie mondiale va chuter en moyenne de 3 % . Pour l'Amérique Latine et les Caraïbes, l'exportation va baisser de 15 % et le tourisme de 25 %. Le climat économique incertain va dissuader les nouveaux investissements. Une augmentation du chômage et une très forte augmentation du nombre de personnes en situation de pauvreté en seront la conséquence.
Cuba n'échappe pas à cette réalité macro-économique internationale qui vient s'ajouter au blocus économique et financier des Etats Unis . L'économie cubaine a connu un taux de croissance de 1,3% sur les 5 dernières années et 2020, le gouvernement prévoit une croissance d'à peine 1% . Ce sont des chiffres très bas comparés aux 4,4 % de croissance en 2015. Les mesures sévères de l'administration Trump, en particulier, compromettent gravement les possibilités de croissance de Cuba. Rien qu'en 2019, le gouvernement des Etats Unis a infligé 86 nouvelles amendes ou sanctions. Plus spécifiquement, l'activation de l'Article III de la loi Helms-Burton vise à empêcher tout investissement étranger à Cuba. Depuis qu'en septembre 2019, les Etats Unis ont poursuivi avec des sanctions les pétroliers venant du Venezuela vers Cuba, Cuba n'a pu compter qu'avec 50 % de la livraison de pétrole. Suite à ces difficultés, Cuba doit faire appel à des livraisons de Russie, d’Algérie, d’Angola et d’Iran mais à des prix nettement plus élevés.
Le total des dommages dont Cuba aura souffert pour la période 2019/20 sera encore beaucoup plus élevé que les 4,3 milliards de 2018/19. A côté du blocus des États Unis, la crise économique du Venezuela – un important partenaire commercial de Cuba – se fait aussi ressentir.
L'interdiction de voyager à Cuba pour les citoyens américains prononcée par le président Trump, se traduit en une diminution de près de 9 % du tourisme en 2019. Cuba a réussi à maintenir les revenus du tourisme au même niveau qu'en 2018 mais les revenus supplémentaires espérés ne se sont pas concrétisés. En janvier de cette année, le tourisme a chuté de près de 20 % en comparaison avec l'année passée. Suite à la crise du corona, Cuba s'est vue obligée de fermer les frontières à tous les touristes de sorte que les revenus du tourisme disparaissent presque complètement. Cuba espère ré-ouvrir ses frontières à partir du 1er juillet de manière à pouvoir faire rentrer des devises étrangères dont elle a tant besoin.
Les États Unis ont trouvé des fidèles alliés avec le président Bolsonaro au Brésil, le président Añez en Bolivie et le président Moreno en Équateur. Ces pays ont mis fin à la coopération médicale cubaine, ce qui était aussi une source importante de devises pour Cuba.
Les conséquences économiques de la crise corona font aussi que les exilés cubains à l'étranger envoient beaucoup moins d'argent aux membres de leur famille à Cuba. Le gouvernement prévoit que ces retours en 2020 vont baisser de 35 % , au total près de 2,4 milliards de dollars.
L'agriculture souffre aussi de problèmes dus en partie au blocus mais aussi au réchauffement climatique. La récolte de canne à sucre accuse un grand retard et une partie de cette récole sera perdue suite à la pénurie de carburant vu que les sucreries ne peuvent pas fonctionner à plein régime.
Le réchauffement climatique se traduit aussi dans les Caraïbes par de grandes périodes de sécheresse. L'année passée, toute la production de riz, de légumes, de mais, de viande de porc et de lait a baissé. En 2020, cela n'ira pas mieux. Le premier trimestre, le ministère a déjà constaté une baisse de 20 millions de litres de lait et 5 tonnes de viande de porc.
En résumé, les perspectives pour l'économie cubaine ne sont pas bonnes. Les prévisions envisagent une chute de l'économie entre 3,7 et 4,7 %.