Comme si le blocus n’était pas assez dur ?!

Panel Comme si le blocus n'était pas assez dur 17 07 23

L’impact de l’inscription de Cuba sur la liste des sponsors du terrorisme
Dans le cadre du Sommet des peuples, la Coordination pour la levée du blocus a organisé une conférence internationale qui a attiré beaucoup de monde. Le message pour les États-Unis est clair : NON au blocus. Le message adressé à l’UE était clair. Il faut... 
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 obliger les banques européennes à rétablir leurs relations avec Cuba. 
- adopter des mesures drastiques à l’encontre des États-Unis, pour que ceux-ci retirent Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. 
- intensifier la pression diplomatique et économique sur les États-Unis, afin de mettre fin au blocus.

L’impact du blocus à Cuba
Elisa Muñoz Gomez est responsable formation à Médecine pour le Peuple.
Le système de santé cubain est très impressionnant. Il dispose notamment de soins de santé primaires de qualité. Il est proche du peuple. Nous avons été vraiment choqués de voir comment le blocus constituait une entrave au développement. Exemple : une entreprise cubaine spécialisée en biotechnologie rencontre d’énormes difficultés pour se procurer des produits de base destinés à la fabrication de médicaments. Les Cubains disposent de brevets qui sont reconnus sur le plan international, mais ils ne peuvent pas vendre leurs produits aux États-Unis. Cuba a développé ses propres vaccins contre le Covid. Deux logiques antagonistes étaient en opposition : celle de la solidarité et celle du Big Phrama, pour lequel le profit prime. Ces deux logiques ont un impact radicalement différent sur la population. Des gens meurent à cause du blocus.

Joke Vrijs est représentante nationale des Jeunes CSC en Belgique.
Après un voyage d’immersion à Cuba, Joke est rentrée en Belgique avec un regard nouveau, avec un récit d’espoir et de rencontres chaleureuses avec des Cubains. Mais ceux-ci souffrent à cause du blocus. Ils doivent faire preuve de créativité face aux nombreuses pénuries auxquelles ils sont confrontés. Mais la situation a beau être difficile, aucun Cubain ne va se coucher le ventre vide. Joke continuera à relayer les récits des Cubains, tous les jours s’il le faut. Elle encourage chacun.e à se rendre à Cuba pour y écouter les histoires du peuple cubain, se forger sa propre opinion et la partager à son retour.

Hilal Sol est secrétaire général de la MWB-FGTB, les métallos du syndicat socialiste belge.
Le syndicaliste s’intéresse à ce qui se passe à Cuba. Le système capitaliste n’offre aucune solution pour les travailleurs belges. Ce n’est pas le marché qui va résoudre nos problèmes. Cuba nous prouve qu’un autre système économique est possible, un système axé sur le bien-être des gens. Mais le blocus étasunien torpille le modèle cubain. C’est pourquoi les syndicalistes européens doivent s’y opposer.
Partout dans le monde, les États-Unis ont mis sur pied des groupes terroristes qu’ils fournissent en armes. Et ils prétendent que Cuba est terroriste, alors que ce pays n’a exporté que sa solidarité. Il faut retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme.

Le blocus et les droits humains à Cuba
Dr Yuri Pérez Martinez, vice-recteur de la faculté de droit de l’université de La Havane.
Depuis 1960, la stratégie étasunienne consiste à compliquer la vie économique à Cuba. Ils sont parvenus à assécher les moyens financiers du pays. Le citoyen cubain ordinaire en est la première victime. Les États-Unis violent les droits humains, car le blocus affecte l’enseignement et les soins de santé. Exemple éloquent : en pleine crise du Covid, les États-Unis ont refusé de vendre de l’oxygène à Cuba. 

Pourtant, Cuba a été le premier pays à fournir de l’aide lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique. Le pays a également réalisé des milliers d’opérations des yeux et a développé ses propres vaccins contre le Covid, sachant qu’il ne serait pas en mesure d’en acheter.

Pourquoi les États-Unis ont-ils ajouté Cuba à la liste des pays soutenant le terrorisme ?
Angelica Becker, présidente de Netzwerk Cuba Duitsland, un réseau qui représente 40 associations allemandes.
Le blocus illustre une agressivité toujours croissante envers Cuba au niveau international. Les États-Unis ont ajouté Cuba à la liste des pays soutenant le terrorisme lorsque Cuba a occupé un rôle de médiateur dans le conflit colombien opposant les FARC au gouvernement. Lorsque les pourparlers ont été interrompus, le gouvernement colombien a exigé l’extradition des leaders des FARC. Trump a alors décidé d’ajouter Cuba à la liste des pays soutenant le terrorisme. Gustavo Petro, le nouveau président colombien, a demandé d’annuler cette décision, mais l’administration Biden s’y refuse.
Et la situation pourrait empirer. Ian Mac Govern, chef de groupe des Démocrates à la Chambre des représentants des États-Unis, propose de soumettre le pouvoir du président concernant le retrait de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme à l’approbation de l’ensemble du Parlement.
Nous devons informer les gens à ce sujet et demander à nos gouvernements de mettre un terme à ces injustices.

Comment les jeunes vivent-ils le blocus ?
Mirthia Julia Brossard, responsable internationale de l’UJC - Cuba
Que pensent du blocus les jeunes qui sont né.e.s après son instauration ? Les dégâts qu’occasionne le blocus sont souvent représentés par toute une série de chiffres. Le blocus a également un effet difficilement quantifiable, qui est peut-être encore plus important :  il est aussi source de désespoir et d’angoisse, surtout parmi les jeunes, qui constituent 30 % de la population du pays. Le blocus a pour objectif de provoquer le désespoir et de briser la combativité. Les États-Unis ne souhaitent pas uniquement asphyxier l’économie cubaine : ils veulent aussi imposer le rêve américain aux jeunes Cubains et Cubaines.  Et pendant ce temps, les États-Unis prétendent que tout est de la faute du gouvernement cubain. Mais ils sous-estiment l’esprit critique des jeunes. Les jeunes Cubains continuent de soutenir la révolution. Même les nombreux jeunes ayant quitté le pays continuent de soutenir leur patrie et s’opposent à ce génocide politique.

L’impact de l’extraterritorialité sur le secteur bancaire
Miguel Quintero, premier vice-président de Cuba Coopération France
Cuba a besoin d’investissements étrangers pour son développement économique. Les États-Unis créent un climat de peur dans le but d’empêcher toute relation avec Cuba. Et cela fonctionne. Après que BNP-Paribas et ING ont écopé d’une amende de plusieurs millions, les banques ne sont plus enclines à l’idée de collaborer avec Cuba. Suite à des sanctions supplémentaires sous Trump, l’aéroport de Paris a décidé d’interrompre ses relations avec celui de La Havane.
Des mouvements de solidarité issus de France, d’Italie et de Suède ont déposé une pétition au Parlement européen, afin de protéger les entreprises contre les sanctions étasuniennes. Nous voulons que la Commission européenne adopte une position claire, qu’elle protège les entreprises européennes, et qu’elle oblige les banques à autoriser les transferts d’argent depuis et vers Cuba.

 L’impact de l’ajout de Cuba a la liste des pays soutenant le terrorisme pour les relations bancaires de l’île
Nicolas Lazaro Valladares, président de l’Asociación Nacional de Economistas y Contadores de Cuba,
à La Havane.
Je vis sous ce blocus criminel depuis toujours.  En 60 ans, Cuba a perdu 150 milliards de dollars à cause du blocus. Qui peut dresser un portrait correct de l’économie alors qu’une telle guerre financière fait rage ? Dans la presse, on lit souvent que l’économie cubaine a échoué, mais c’est sans tenir compte des conséquences désastreuses du blocus. Qui sait ce que nous aurions pu réaliser sans ces restrictions ! Et comme si cela ne suffisait pas, les États-Unis ont ajouté Cuba à la liste des pays soutenant le terrorisme. Cela revient à multiplier par deux les effets néfastes du blocus. Cela coûte 3,8 millions de dollars par mois à Cuba.
Conséquences : les produits alimentaires de base sont en pénurie, les transferts d’argent depuis les États-Unis sont fortement restreints, et il n’y a presque plus d’investissements étrangers. Dans le domaine des soins de santé : ces derniers mois, huit enfants ont été diagnostiqués du cancer. Les médecins ne disposaient que d’un traitement obsolète. Refuser à des patients le traitement contre le cancer adéquat, c’est du terrorisme. Malgré cela, le taux de mortalité infantile de Cuba se porte mieux que celui des États-Unis. Ce sont les États-Unis qui répandent le terrorisme. Mais Cuba ne baisse pas les bras.

La politique défaillante de l’UE concernant les blocus des États-Unis contre Cuba
Maite Mola, responsable internationale du Parti de la gauche européenne, Espagne.

Depuis 1996, l’UE interdit aux entreprises européennes de se conformer aux lois de sanctions étasuniennes. En 2017, l’UE et Cuba ont conclu un accord de coopération. Nous remarquons pourtant que des banques vont à l’encontre des lois européennes. Mais l’UE laisse faire. 
Les dernières nouvelles ne sont guère positives. Mi-juillet, le Parlement européen a adopté une résolution qui appelle à suspendre l’accord de collaboration. En vertu de l’argument suivant : les droits humains. Cuba est accusée de torture, mais on ne parle pas des prisonniers de la base étasunienne de Guantánamo. Cuba ne serait pas démocratique, mais on ne dit pas un mot du référendum portant sur la constitution et le nouveau Code de la famille, qui a été adopté à une large majorité.  Cuba est dépeinte comme une alliée de Poutine. Mais on oublie que le blocus constitue la plus grande violation des droits humains. Les États-Unis prennent en otage le peuple cubain depuis plus de 60 ans. Ce n’est pas Cuba, mais les États-Unis, qui devraient figurer sur la liste des pays soutenant le terrorisme.
Point important : la mise sur pied d’un tribunal chargé de faire en sorte que Cuba soit retirée de cette liste

Création du Tribunal international contre le blocus
Manu Pineda, député européen de The Left, Maite Mola, responsable internationale pour le Partido de la Izquierda Unida, et Angelika Becker, au nom des mouvements de solidarité européens, ont annoncé la création du Tribunal international contre le blocus, qui se tiendra les 16 et 17 novembre au Parlement européen. Fernando Gonzalez, président de l’ICAP, espère que le tribunal débouchera sur une condamnation claire, qui pourra influencer la prise de décision politique afin de lever le blocus. Plusieurs éminents avocats s’attellent d’ores et déjà à la préparation du procès. Il est de notre devoir de mener des actions et de mobiliser l’opinion publique concernant ce procès, afin qu’il soit couronné de succès.