Appel urgent au gouvernement belge et à l'Union européenne

En ces temps de coronavirus, le blocus imposé à Cuba par les États-Unis est plus irresponsable que jamais pour des raisons humanitaires et nos décideurs politiques devraient exhorter les États-Unis à le supprimer. 

En ce moment, le monde entier est confronté au coronavirus. Cuba n'y échappe pas non plus. Cuba lutte contre la propagation avec le déploiement de centaines de médecins et d'infirmières et infirmiers.  Le pays fait tout ce qui est en son pouvoir pour garder la crise sous contrôle et protéger la population. Les frontières extérieures sont fermées, ce qui signifie une importante saignée financière pour ce pays touristique. 
Cette crise sanitaire vient s'ajouter au blocus imposé par les États-Unis à Cuba depuis plus de 60 ans. Au cours des deux dernières années, le président Trump a durci les sanctions et placé le pays dans une situation d'étranglement économique. En conséquence, d'autres pays, comme tous les pays européens, limitent également leur commerce avec Cuba.
En ces temps difficiles, les sanctions ne peuvent plus être justifiées par des raisons politiques. Le Secrétaire général des Nations unies, M. Antonio Guterrez, a appelé les 20 principaux pays industrialisés à lever, ou du moins à suspendre, toutes les sanctions contre tout pays pour des raisons humanitaires. Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a déclaré : « En ce moment décisif, les sanctions devraient être assouplies ou suspendues... Dans un contexte de pandémie mondiale, les mesures qui entravent les soins médicaux augmentent le risque auquel nous sommes tous confrontés. »

C'est pourquoi nous demandons aux autorités belges et européennes d'envoyer sans délai un signal clair au gouvernement des États-Unis pour lui signifier que le maintien des sanctions est extrêmement cynique et qu’il faut mettre fin à celles-ci. Ce dont le monde a besoin maintenant, c'est de plus de solidarité.

Au cours des derniers mois, la population a commencé à ressentir clairement les effets du blocus. Les mesures du président Trump frappent l'économie cubaine dans son ensemble. En raison de l'interdiction des bateaux de croisière et des vols réguliers des États-Unis vers Cuba, quelque 600 000 touristes américains n’ont pu se rendre à Cuba. En menaçant les pétroliers d'amendes élevées, l'offre de pétrole a été réduite à 50 %. Sans énergie, sans tourisme, l'économie s'arrête, les dégâts sont énormes. Cela se traduit actuellement pour la population par de grandes pénuries de nourriture et de produits de base et de longues files d'attente dans les magasins. 
Les services de santé sont l'une des principales victimes du blocus. Les principaux fabricants de médicaments ou de matériel médical moderne sont situés aux États-Unis. L'année dernière, Cuba a demandé à 57 entreprises pharmaceutiques d'acheter des produits médicaux. Seules trois d'entre elles ont répondu, en notifiant qu’elles n’en avaient pas l’autorisation. Cuba est obligé de se tourner vers des marchés plus éloignés et donc plus chers. Le blocus coûte 104 millions par an au seul secteur de la santé. 
Il va sans dire qu'avec le déclenchement de la crise du coronavirus, les services de santé seront soumis à une pression encore plus forte. Le 1er avril 2020, le pays comptait 186 infections avérées (principalement des Cubains), 2 837 hospitalisations et 6 décès. Plus de 1950 Cubains et résidents étrangers récemment entrés dans le pays vivent dans des lieux de quarantaine. Les médecins généralistes et les étudiants en dernière année de médecine vont de porte à porte pour trouver les citoyens présentant des symptômes suspects. Pendant ce temps, les écoles, les gymnases, etc. sont fermés et la consigne « restez chez vous » est de mise. Les hôpitaux se préparent à une augmentation du nombre de patients. 
Mais même aujourd'hui, dans ces circonstances difficiles, Cuba montre combien elle accorde d’importance à la la solidarité internationale. Pour la première fois dans sa longue tradition humanitaire, des équipes d'aide médicale expérimentées viennent dans les pays européens, notamment en Italie et à Andorre. Cuba a déjà envoyé des équipes médicales expérimentées dans six pays pour les aider dans leur lutte contre le coronavirus.  Cuba est le seul pays qui a autorisé un bateau de croisière britannique avec des passagers infectés à bord à accoster, permettant ainsi un rapatriement en toute sécurité. Continuons-nous à accepter que les États-Unis maintiennent le blocus contre Cuba ? Nous demandons aux gouvernements belge et européen d'envoyer sans délai un signal clair au gouvernement des États-Unis pour qu'il cesse de maintenir les sanctions.

Lettre envoyé à Sophie Wilmés, Charles Michel et Ursula von der Leyen